[success]almouaten 24/chouib sahnoun[/success]
Le régime algérien était en quête d’une crédibilité populaire. Peine perdue. Le régime trinque déjà à l’idée d’un rassemblement le jour de l’anniversaire du Hirak.
Le pouvoir algérien craint le pire le 22 février 2021, correspondant au deuxième anniversaire du ‘’Hirak’’, ce mouvement anti-régime né le même jour de l’année 2019. Des centaines de milliers d’Algériens y seront, à coup sûr, au rendez-vous pour contester la légitimité du régime en place au sommet duquel il y a le président Abdelmajid Tebboune.
Une contestation dont la ferveur n’a pas baissé d’un iota. Les faits historiques sont têtus. Dix mois après la naissance d’une contestation populaire inédite ayant conduit à la démission du président Abdelaziz Bouteflika (rendu impotent par un AVC) en avril 2019, les élections présidentielles algériennes ont eu lieu le 12 décembre sous haute tension.
Le «Hirak», avait organisé, comme de coutume, le vendredi, le dernier précédant la tenue des élections, une manifestation grandiose, témoignant de l’étendue du rejet de ce que les contestataires appelaient une «mascarade électorale» orchestrée par la junte militaire. Le mouvement s’était farouchement opposé à ce scrutin biaisé à ses yeux. Il exigeait la fin du «système» au pouvoir depuis l’indépendance en 1962 et le départ de tous ceux qui ont soutenu ou pris part aux 20 ans de règne de Bouteflika.
Particulièrement Abdelmajid Tebboune, 74 ans, qui fut élu président dès le premier tour avec 58,15% des suffrages. Pourquoi lui ? Car il passait pour le plus proche de l’homme fort du pays, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, décédé dans des conditions opaques quelques jours après les élections présidentielles, le 23 décembre plus précisément. Ce n’est pas tout. Plusieurs fois wali (préfet) et ministre, il était également un des proches de Bouteflika, qui l’avait fait Premier ministre, le 25 mai 2017, pour seulement deux mois et vingt-et-un jours. Le pire, c’est qu’il avait fait, en pleine contestation populaire, une déclaration de loyauté à Abdelaziz Bouteflika, l’assurant de son soutien pour un cinquième mandat.
Pour ces raisons et d’autres, le mouvement de contestation n’a pas fléchi. Au contraire, il a gagné en nombre de protestataires de toutes les régions du pays. Les rendez-vous hebdomadaires de vendredi étaient immanquables. Les Samedis, c’était au tour des algériens de France de reprendre le flambeau. L’avènement de la pandémie du coronavirus a obligé, sous le coup d’abord des interdictions puis de la répression violente, les manifestants à observer du répit. Pas pour longtemps ! En dépit des interdictions, les manifestations ont repris, notamment après l’annonce du référendum sur la révision constitutionnelle pour le 1er novembre 2020.
Appelés à entériner une réforme censée fonder une «nouvelle République» et présentée comme une réponse aux aspirations du «Hirak populaire originel», les algériens ont boudé en masse les urnes le jour du référendum marqué par l’absence de son initiateur, le président Tebboune, hospitalisé en Allemagne après avoir été infecté par le virus du corona. L’opposition a tout simplement boycotté.
Le taux de participation final s’était établi à 23,7%, le plus bas de l’histoire du pays. Sur 23,5 millions d’inscrits, seuls 5,5 millions d’électeurs ont fait le déplacement. Cette abstention, qui avait constitué un désaveu cinglant au régime, était le seul véritable enjeu du vote. Le régime était en quête d’une crédibilité populaire. Peine perdue. Pour les contestataires et les partis de l’opposition, c’était un camouflet pour un président en quête de légitimité après une investiture contestée.
Malgré la torture et les lourdes peines de prison ferme prononcées à l’encontre de centaines de manifestants et de journalistes, cela n’a pas réussi à empêcher les algériens de réinvestir la rue. Plusieurs milliers de personnes ont défilé mardi 16 février 2021 dans l’est de l’Algérie, à Kherrata, pour marquer le 2e anniversaire du Hirak. Le pouvoir trinque déjà à l’idée d’un rassemblement gigantesque le jour de l’anniversaire.